B.3.4. Le Pardon de Sainte Anne La Palud

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Le Pardon de Sainte Anne La Palud

 

     La Bretagne est célèbre pour ses pardons. Henri Queffélec les a recensés dans un livre intitulé précisément « La Bretagne des pardons ». Depuis que je suis installé à Pont-Croix, le pardon que je connais et que je pratique régulièrement est celui de Sainte Anne La Palud.

     Nous sommes un petit groupe de paroissiens à partir de Pont-Croix à trois heures du matin. Notre lieu de rendez-vous est la grotte mariale de La Fontaine, sise dans le bas du bourg. Au bout de cinq kilomètres de marche à travers bois, nous effectuons un premier arrêt près du beau calvaire de Confort-Meilars. Il est alors quatre heures. Le deuxième arrêt a lieu à la Chapelle de Kérinec où nous nous restaurons de façon légère avant d’entamer la longue traite qui doit nous conduire à Pouldavid, en traversant le territoire de la commune de Poullan-sur-Mer. A six heures, nous arrivons à l’entrée de Douarnenez où nous nous accordons une bonne demi-heure de pause, avec déjà quinze kilomètres dans les gambettes. C’est l’heure du café et du casse-croûte et cela donne le temps aux pèlerins venus d’ailleurs de nous rejoindre pour la seconde moitié du parcours.

     Lorsque nous atteignons la descente du Ris et la plage du même nom, il est sept heures et le jour commence généralement à poindre. La grande question est de savoir si la marée sera suffisamment basse pour nous permettre de prendre le raccourci par la côte. Pour la première fois hier, j’ai fait une tentative en compagnie de quatre autres de mes compagnons, alors que le reste du groupe a préféré rester prudemment sur le bitume de la route de Kerlaz. Au bout de cinq cents mètres environ, nous avons été contraints d’escalader sportivement la falaise pour ne pas être coincés plus loin par la marée montante. Et, juste au moment où nous débouchions sur le petit sentier côtier, nous avons vu arriver le groupe des « sages ». Résultat de la course : match nul !

     A partir de ce moment, le reste du trajet est sans problème majeur et offre tout le loisir de contempler le panorama de la splendide baie de Douarnenez. Je ne me lasse jamais de ce beau spectacle dans la sérénité du soleil levant. Après le passage de la plage de Kervel, nous arrivons en vue du sanctuaire de Sainte Anne La Palud vers neuf heures du matin. Le site est déjà occupé par les tentes et les véhicules des nombreux forains, vendeurs d’objets de culte et autres restaurateurs. J’ai pris moi-même la précaution de laisser depuis la veille mon fourgon dans le premier parking attenant à l’église et je suis revenu ensuite à Pont-Croix avec ma moto que j’avais embarquée dans le fourgon. La première année, j’ai tenu à participer à l’ensemble du pardon. Mais, depuis 2010, je préfère rentrer chez moi après la messe solennelle de 10h30. Celle d’hier était célébrée par l’évêque de Dax et d’Aire (Landes), Mgr Hervé Gaschignard, qui a répondu à l’invitation de son confrère de Quimper et Léon, notre évêque Mgr Jean-Marie Le Vert.

     Je renonce donc désormais à la récitation du chapelet qui a lieu à 14 heures, suivie par les louanges vespérales, la procession des bannières jusqu’en haut de la dune qui domine le sanctuaire, puis la bénédiction du Saint-Sacrement à l’intérieur de l’église. En résumé, l’intérêt personnel que je trouve dans ce pardon réside dans la longue marche qui m’y amène. J’aime ce temps de préparation à la grand-messe et je goûte particulièrement les conversations échangées ici et là avec mes compagnons de route que j’apprends ainsi à connaître peu à peu au long de nos trente kilomètres de pérégrination.

     Le dimanche 2 septembre, je vais découvrir un autre pardon du Finistère, celui de Notre-Dame de Penhors. Après la cérémonie, Soad et moi sommes conviés à déjeuner chez notre ami anglais Trevor Powles et sa ravissante femme Laurence ; ils possèdent une maison tout près de l’église de Penhors. Du religieux au profane, il n’y a souvent qu’un petit pas.

     Bonne semaine !

 Pont-Croix, 27 août 2012