B.3.3. Dieu est à méditer

 

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Dieu est à méditer

 

         Dans un numéro du mois de juillet dernier, l’hebdomadaire « Le Point » posait, en page de couverture, la question suivante : « Il y a-t-il un Dieu ? ». Cette question, je ne me la suis personnellement jamais posé, tellement elle fait partie de mon éducation et de ma culture.

         Elle fait partie de mon éducation, car la religion chrétienne est celle que mon père et ma mère m’ont donnée. A ce titre, ils ont voulu que je sois baptisé sitôt après ma naissance. Grâce à eux, j’ai affermi mes premiers pas dans la foi chrétienne en suivant ce parcours initiatique que tout bon fidèle connaît : première communion, communion solennelle, confirmation. Enfant puis adolescent, j’ai été inscrit à des mouvements qui ont conforté cette même foi ; tour à tour, j’ai été Cœur vaillant, Louveteau puis Scout. Devenu moi-même adulte, j’ai choisi de me marier à l’Eglise ; c’était de ma part un acte de foi et non pure fantaisie, d’autant plus que ma conjointe n’était pas pratiquante. Lorsque, un peu plus tard, me sont venus mes deux enfants, j’ai voulu qu’ils soient à leur tour élevés dans la foi chrétienne. C’est mon éducation.

         C’est aussi ma culture. De par mes origines africaines, mes ancêtres étaient bien sûr animistes et fétichistes. Mais la culture occidentale, et plus particulièrement la culture française, est celle dont j’ai été nourri. Et tout un chacun sait que cette culture est fondamentalement marquée par la religion chrétienne, que ce soit dans sa littérature, sa peinture, sa sculpture, sa musique, et que sais-je encore ! Dans ce rayonnement de la culture chrétienne, la France, fille aînée de l’Eglise, occupe une position privilégiée. Par désir de parfaire mes connaissances ou par simple curiosité, il m’est arrivé de pénétrer dans d’autres lieux de culte : mosquées, synagogues, temples protestants et même églises orthodoxes ; je n’y peux rien : il n’y a que dans une église que je me sens à mon aise, il n’y a que dans une église que je me sens moi-même, que cela soit une simple chapelle ou la plus imposante des cathédrales. Dieu est à méditer.        

       Cette attitude m’a poussé à m’interroger souvent sur la chanson de Georges Brassens, « Le mécréant ». Je suis au moins certain d’une chose : ma foi n’est pas du tout celle de son charbonnier, « qui  est heureux comme un pape et con comme un panier ». Chez moi, c’est un acte délibéré, mais réfléchi, car il influe sur chaque moment de ma vie, y compris dans les choses les plus infimes. Et si l’on continue de s’interroger, plus deux mille ans après l’avènement du Christ, sur l’existence de Dieu, c’est bien la preuve qu’il est la quintessence de toute chose, de tout être, de toute vie. Et tout notre savoir, toute notre science ne sauront jamais apporter de réponses tangibles à ce qui reste pour nous un grand mystère. Accepter notre ignorance par rapport à ce phénomène qui nous échappe et nous transcende à la fois, est précisément un acte de FOI. Il en va de même pour la croyance ou non en une vie après la mort. Si je crois que Dieu existe, je crois implicitement que ma vie ne s’arrête pas sur cette seule terre.    

         A la fin de sa propre vie, le grand Voltaire s’écriait : « L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger ». Toujours à propos de l’existence de Dieu, Blaise Pascal, dans ses « Pensées, nous proposait le marché suivant : « Pesons le gain et la perte, en prenant crois que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter ». Plus près de nous, le philosophe Jean-Luc Marion nous livre la réflexion suivante : « Vouloir prouver, démontrer Dieu, en faire un objet d’étude comme un autre, relève de la pornographie. Car qu’est-ce la pornographie, sinon s’emparer du corps de l’autre, comme d’un objet disponible ? »

Dieu est à méditer.

Bon dimanche !

Pont-Croix, 12 août 2012