Un jeune homme mort

 

Un jeune homme est mort

 

Le fils de mon meilleur ami est mort.

Il n’avait que vingt-trois ans !

 

Comment peut-on dire l’indicible ?

Comment peut-on réparer l’irréparable ?

Et, surtout, comment peut-on consoler

Des parents dans la plus grande désolation ?

 

Bry-sur-Marne, une rame de RER passe,

Et l’on choisit de se jeter devant elle

Après avoir laissé un mot à sa famille

Et dit un dernier adieu à sa petite amie.

 

Le train de l’horreur ne rendra pas la vie !

L’horreur, c’est de ne plus aimer la vie ;

L’horreur, c’est de croire à un si jeune âge

Que l’on n’a plus sa place dans cette vie.

 

Le fils de mon meilleur ami est mort.

Il n’avait que vingt-trois ans !

 

Et vient alors le temps des questionnements.

Qu’avons-nous fait ? Où donc étions-nous

Lorsque l’enfant, dans le noir de ses nuits,

Nous appelait désespérément au secours ?

 

Nous n’avons rien vu et rien entendu

Car il n’y avait rien à voir et à entendre.

C’était la guerre des choses dans l’ombre :

Tout se passait en dedans et rien au dehors !

 

Le cauchemar a duré une dizaine d’années

Dix années où l’enfant est devenu un homme

Avec, apparemment, des projets plein la tête

Et une vie d’adulte tout juste à construire.

 

Mais c’était la façade, mais c’était la vitrine ;

Le mal-être était si lourd et si persistant

Que l’on décide d’en finir pour toujours

Pour ne plus souffrir, pour ne plus le vivre !   

  

Le fils de mon meilleur ami est mort.

Il n’avait que vingt-trois ans !

 

A nous tous, qui l’avons connu, il nous revient

Désormais de respecter la liberté de ce choix.

Et l’on réalise que les enfants que l’on a faits

Ne sont pas vraiment les nôtres : ils sont à Dieu !   

 

Le fils de mon meilleur ami est mort,

Lui qui n’avait que vingt-trois ans !

 

                            Noisiel, 13 septembre 2012