Soad et moi avons connu Christiane à Bangui où nous avons été en poste, à l’ambassade de France, de 2004 à 2008. Elle était venue, en compagnie d’une amie, rendre visite à son frère, le Père Yves Gautier1 .
Nous les avions reçus tous les trois à déjeuner dans notre villa située près du fleuve Oubangui. Durant le repas qui fut fort animé, je me rappelle avoir soutenu, contre l’avis de Christiane, que la cathédrale de Quimper s’appelait Saint-Corentin. Nous avions alors fait tous deux un pari : celui qui le perdrait donnerait à l’autre, à nos prochaines retrouvailles, un Rocher Suchard noir. Je ne connaissais pas encore Quimper. Mais, depuis mon enfance au Sénégal, je connaissais bien Brassens qui chante dans « Tempête dans un bénitier » :
Ils ne savent pas ce qu’ils perdentTous ces fichus calotinsSans le latin, sans le latinLa messe nous emmerdeLe vin du sacré caliceSe change en eau de boudinSans le latin, sans le latinEt ses vertus faiblissentA Lourdes, Sète ou bien ParmeComme à Quimper CorentinLe presbytère sans le latinA perdu de son charmeO très Sainte Marie mèr’ deDieu, dites à ces putainsDe moines qu’ils nous emmerdentSans le latin
J’ai donc gagné mon pari et Christiane s’est exécutée de bonne grâce lorsque, une fois à la retraite, nous l’avons retrouvée dans sa maison de Touraine, où séjournaient également son frère Yves et sa sœur Marie-Thérèse.
Les photos qui suivent se veulent juste un témoignage de la chaleur que nous avons toujours trouvée dans cette maison. Christiane savait y recevoir, avec beaucoup de talent et de bonheur, sa famille et ses nombreux amis dont nous avons progressivement fait la connaissance à chacun de nos passages. Souvenir de l’inauguration de sa grange, souvenir de son propre passage chez sa bru à Quimper, souvenir de la fête organisée pour le 92e anniversaire du Père Gautier… tant de faits marquants pour nous jusqu’à la mort de ce valeureux missionnaire spiritain le 3 décembre 2021. Comme c’était lui notre trait d’union, les choses se sont diluées au fil du temps. Il y a eu l’épisode du Covid-19. Puis nous n’avons plus eu de nouvelles de Christiane qui ne pouvait peut-être plus répondre à nos mails jusqu’à ce que son fils Christophe nous apprenne, ce 12 octobre 2025, son décès.
Nous lui souhaitons de reposer en paix à présent qu’elle a retrouvé tous les êtres qui lui sont chers : ses parents, son frère et surtout son mari.
1. Voir l’hommage qui lui a été consacré sur https://www.feliho.fr/mes-albums-photos/un-pere-blanc/
