A Philippe Esquerré

 

 

Mon cher Philippe,

 

Je viens de terminer ton recueil de chroniques, El burro que le abrió la puerta a la tecnología[1], que tu as eu l’amabilité de me faire parvenir par voie postale, depuis Quito, en ce début d’année. Les deux dédicaces qui y figurent et qui me sont personnellement destinées, me vont bien évidemment droit au coeur. La première, manuscrite, dit ce qui suit : « A Raoul Feliho, para que lo disfrutes. ¡Y en memoria de los tiempos heroicos! »[2]. Quant à la seconde qui apparaît dans la longue liste de tes Agradecimientos y dedicatorias[3], elle affirme :  » A Raoul Feliho, Entreñable amigo franco-beninés, literato y hombre de cultura con quién he aprendido mucho aunque me falta mucho por aprender. Cada vez que leo sus relatos me parece sentir la presencia de sus personajes. Con esa forma que obtiene Raoul en sus descripciones, he intentado representar a mis protagonistas. Por lo demás, sus escritos contienen indisolublemente la exquisita riqueza de la lengua francesa¨[4]. Tout ceci me fait te dire que c’est avec honneur et reconnaissance que je reçois tes compliments que je sais marqués du double sceau de la sincérité et de l’amitié. Moi, qui n’écris pour l’instant que pour mes proches et mes amis et qui n’ai encore rien de l’écrivain que tu dépeins, j’en viens à présent à l’essentiel : ton livre !

         Comme j’ai déjà eu l’occasion de te l’exprimer en découvrant les premières nouvelles que tu m’as adressées par mail il y a quelque temps déjà, j’ai tout de suite apprécié la saveur « naturaliste » de tes descriptions qui témoignent de la bonne connaissance que tu possèdes de tous les environnements dans lesquels tu as baigné, que ce soit dans ton Chili natal ou bien en Equateur. Les nombreuses années que tu as passées dans ces deux pays d’Amérique latine ont aiguisé ton sens d’observation du milieu ambiant. Etres humains, faune, flore, rien n’échappe à la curiosité de ton regard ; et c’est avec un talent affirmé que tu sais restituer tous les éléments qui suscitent ton propre intérêt.

         Je ne parlerai pas du Chili où je n’ai jamais mis les pieds. Mais, s’agissant de l’Equateur, pays où j’ai moi-même passé deux années en mission et où j’ai eu le bonheur de faire ta connaissance, je déclare que tu as fait, à la fois, œuvre d’ethnologue, de botaniste, d’entomologiste, d’explorateur et de conteur par la variété des histoires que tu nous narres et dont je me suis réellement délecté.

         D’entre elles toutes, mon amour pour la romance oblige, je te confesserai que je garde un faible pour les suivantes :

  • La suegra que le juega al yerno[5]
  • Un idilio en el corazón de la selva[6]
  • Todos conocían quienes eran las de la fonda menos yo[7]

        Tes métiers de commerçant, d’industriel puis d’exploitant agricole t’ont concédé une expérience confirmée du terrain et de ses gens. Etant toi-même d’un naturel fort affable et avenant, il n’est pas étonnant que tu te sois senti partout comme chez toi au point de déclarer que tu es, à parts égales, citoyen des trois pays qui ont formaté ton univers, le Chili, la France et cet Equateur où tu résides toujours.

       Je reviendrai en Equateur car, je dois l’admettre, ce pays m’a laissé sur ma faim. Je reviendrai en Equateur pour tous ces paysages magnifiques que tu décris si bien, des montagnes de la cordillère centrale jusqu’aux plaines de la côte pacifique ; je reviendrai en Equateur également pour revoir les bons amis de ton acabit que j’y ai laissés, depuis juillet 1996, avec une once de regret.

       En attendant nos retrouvailles que j’espère prochaines, je te remercie encore de m’avoir fait passer, à la lecture de ton ouvrage, un excellent moment.

Avec toutes mes félicitations.

                                                                 Plaisir, 25 février 2017

[1] L’âne qui ouvrit la voie à la technologie

[2] « A Raoul Féliho, afin qu’il l’apprécie et en souvenir des temps héroïques »

[3] Remerciements et dédicaces

[4] « A Raoul Féliho, mon attachant ami franco-béninois, écrivain et homme de culture avec qui j’ai beaucoup appris, même s’il me reste beaucoup à apprendre. Chaque fois que je lis ses histoires, il me semble sentir la présence de ses personnages. Avec cette forme que Raoul obtient dans ses descriptions, j’ai essayé de camper mes propres personnages. Quant au reste, ses écrits contiennent, de façon indissoluble, la savoureuse richesse de la langue française. »

[5] La belle-mère qui fricote avec son gendre

[6] Une idylle au cœur de la forêt

[7] Tous savaient qui étaient les belles de l‘auberge, sauf moi.