Épître à Madame Erika Boske

 

Femme du Nord, je te salue !

Femme du Nord ? Femme de l’Est, devrais-je dire !

Beau sang slave mêlé à je ne sais trop quelles veines

Je dis : Je te salue, moi l’Africain, l’Etranger venu

De ces cieux mirifiques que tu ne connais pas encore

Mais que tu connaîtras un jour, s’il plaît à Dieu

Ce Dieu que toi et moi avons en commun.

Moi l’Africain, ton nègre nouveau, je te salue.

Et, comme l’on fait chez moi, je salue toute ta famille.

Je salue d’abord ton mari l’Allemand, celui qui dit toujours :

« Tu cherches de paix, tu trouves de paix », à la manière d’un sage

Cette denrée devenue si rare par nos temps troublés.

Je salue ensuite ta fille, blonde du grand Nord elle aussi ;

Je salue ton fils, le fils de ton fils, puis tous les autres qui suivront

Et que je te souhaite de voir jusqu’à la quatrième génération.

Cela fait déjà une année que ma route est venue croiser la tienne

Dans ces Hauts-Champs sur lesquels tu veilles tel un cerbère

Tandis que la société a fait de moi un pauvre chômeur.

C’est la dure vie qu’il faut tâcher néanmoins de vivre en frères.

En toi, j’ai trouvé un coeur, coeur de femme et coeur de mère.

Merci pour toutes les joies procurées, les menues choses partagées,

Comme cette machine à écrire du Blanc qui me fait t’écrire aujourd’hui.

Du fond de mon coeur de Noir, je te dis simplement MERCI !

 

                                                                         Roubaix, 2 mai 1978